RASED, où en sommes nous ?

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La suppression à la rentrée 2008 du samedi matin, c’est-à-dire de 2 heures d’enseignement pour tous les élèves ( soit 3 semaines de classe sur l’année) s’est accompagnée pour tous les enseignants du primaire de la mise en place de 2 heures d’aide personnalisée destinées aux élèves en difficulté. Cette aide, hors du temps scolaire, nécessitant l’accord des parents, permet une reprise des notions non assimilées en classe.  Elle a servi d’alibi pour remettre en cause l’existence et les pratiques d’aides spécialisées des RASED.


En septembre, le ministre de l’Education Nationale annonçait la suppression des RASED sur 3 ans et celle de 3000 postes à la rentrée 2009. Suite à cette annonce de nombreuses actions ont été entreprises par les enseignants  mais aussi par les parents d’élèves, les professionnels proches de l’enfance en difficulté, les acteurs de la vie publique, certains élus : pétition « sauvons les RASED » (250 000 signatures), motions de conseils d’écoles et de municipalités, manifestations de soutien,  veillées des écoles, informations médiatiques…..

Le Ministère de l’Education Nationale a semblé alors revenir sur la suppression des RASED, précisant que les 3000 postes seraient transformés, pour moitié en étant « sédentarisés » en classe, pour les 1500 autres en devenant des postes d’enseignants surnuméraires, toujours au service des élèves en difficulté.

Ce discours rassurant masque mal une réalité

·         de suppression de postes effective, puisque la carte scolaire « ferme » des postes RASED pour « créer » des postes sédentarisés en classe ou placés en surnuméraires

·         de négation des missions spécifiques des enseignants spécialisés au sein des RASED.


Ø
 
En effet, la « sédentarisation en classe » n’est rien d’autre que la remise dans les classes d’enseignants spécialisés, qui ne pourront plus aider que leurs propres élèves , alors que le fonctionnement d’un RASED permet, par la prise en charge en petits groupes, d’aider bien plus d’enfants à tous les niveaux de l’école, de la maternelle au CM.

 Alors qu’ils sont présentés comme «personne ressource » pour leurs collègues, ces enseignants n’auront matériellement plus le temps ni les possibilités de leur venir en aide. Ils ne pourront plus assurer le rôle de « lien » tenu auprès des parents comme des structures d’aide extérieures (CMPP, secteur médico-social).


D’autre part, le choix des écoles où ils sont affectés a souvent été fait en fonction des postes vacants disponibles (retraites...), et non pas en fonction des besoins des secteurs.

On peut donc craindre, au lieu de « l‘amélioration » promise par le ministère, une dégradation du service rendu et de l’aide apportée, ces remises en classe permettant surtout de ne pas recruter de nouveaux personnels (1500 postes en moins aux concours)

 

Ø  Les postes placés en « surnuméraires » , en apparence, ressemblent aux postes de RASED déjà en place … On présente comme nouveau un fonctionnement qui existait déjà ou était déjà possible d’après les textes de loi ( l’IEN peut déjà privilégier des écoles en fonction de leurs besoins, les actions du RASED sont déjà inscrites dans les projets d’école, les enseignants du RASED participent déjà aux réunions des écoles comme leurs collègues des classes)

La différence, c’est que les « maîtres surnuméraires » n’exercent plus dans le cadre des RASED, auxquels ils sont seulement « rattachés », ce qui ne définit clairement ni leurs missions ni leur cadre de travail ( avec le RASED, dans l’école..)

La différence, c’est que, dans certains secteurs, le « rattachement à une école » privera de l’aide spécialisée des écoles qui jusqu’alors en bénéficiaient.

La différence, c’est enfin que ces postes «  en surnombre » deviennent du même coup des postes « précaires », leur attribution étant révisable chaque année….

 

Où est donc l’amélioration de l’aide aux élèves en difficulté promise, où est la volonté de lutte contre l’échec scolaire ?

Dans une période où, après quelques mois d’expérimentation, les aides personnalisées commencent à montrer leurs limites  (des parents refusent leur reconduction ; des enseignants constatent leur inadaptation à certains élèves)

¨      on affaiblit le dispositif RASED par les suppressions de postes

¨      on réduit aussi les missions des enseignants spécialisés à la seule « remédiation » après coup aux difficultés rencontrées. Le travail de prévention en maternelle, l’étayage des plus fragiles en grande section, ou au début du CP, qui permettaient d’éviter des difficultés plus sérieuses pour une bonne partie d’entre eux, ne sont plus évoqués et sont rendus impossibles.

  

Si les RASED s’affaiblissent ou disparaissent, l’effet en retour pèsera sur les écoles, les classes, les enfants et les familles : les élèves en grande difficulté n’auront plus d’autre choix que d’être pris en charge à l’extérieur de l’école. Or on sait que les structures (CMP, CMPP) sont déjà saturées, avec des listes d’attente et des délais qui augmentent. On sait que les prises en charge extérieures impliquent des problèmes matériels (déplacements, coûts…) pour des familles déjà fragilisées.

 

« Externaliser » la réponse à la difficulté ne résoudra pas cette difficulté mais constituera un abandon des missions de l’Ecole Publique.

Que vont devenir tous ces enfants qui ne seront plus pris en petits groupes d’aide spécialisée, qui ne pourront plus être « remis en selle » dans leur parcours scolaire , que l'école ne pourra plus prendre en compte dans leur devenir, dans leur différence, leur pluralité ? 

Nous ne pouvons laisser modifier ainsi les missions de l’école publique, gratuite pour tous, porteuse de l’espoir de l’égalité, sans réagir.

 

C’est pourquoi nous continuons à demander le maintien et le développement dans les départements de dispositifs RASED composés des 3 types d’enseignants ayant reçu une formation spécialisée approfondie, longue, et qualifiante (maîtres E chargés des aides pédagogiques, maîtres G chargés des aides rééducatives, psychologues)

 

Texte adopté au Conseil d’Administration

de la FNAME du 20 mars 2009,

sur proposition de l’AME76

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